Les Etats-Unis à vélo de Chicago à Cleveland, c’était…


… quitter Chicago, qui a égalé Denver au 1er rang de mes villes préférées aux Etats-Unis, et mes supers hôtes Chris et Nick à grand regret


… sortir de Chicago par des pistes cyclables qui passent au cœur des quartiers sud de la ville marqués par une très forte ségrégation socio-ethnique : environ 3/4 des habitants des quartiers riches et moyens sont blancs et 90% des habitants des quartiers pauvres sont noirs


… Luis, qui s’est arrêté en bord de route pour me donner de l’eau. Il m’a raconté qu’au Mexique, dont il est originaire, il a déjà aidé comme ça un couple de cyclovoyageurs qui semblaient mourir de soif. Je ne mourais quant à moi pas de soif, mais c’est un geste que j’ai hautement apprécié !


… entrer dans l’Indiana par Gary, la ville de naissance de Michael Jackson, frappée de plein fouet par la désindustrialisation, et dont au moins la moitié des maisons semble inhabitée, lui donnant une allure de ville fantôme. C’est la 1ère fois depuis que je suis aux Etats-Unis que j’ai pédalé à travers un véritable ghetto (même dans certains quartiers du sud de Chicago je n’ai pas ressenti cette atmosphère pesante). Après quelques recherches, j’ai appris que Gary est l’une des villes américaines de taille moyenne qui a perdu le plus d’habitants depuis 30 ans


… Mike et Rachael, mes hôtes Warmshowers à Hobart, qui se sont réjoui d’accueillir leur premier hôte dans la maison dans laquelle ils se sont installés le mois dernier


… une soirée au bar-resto de Hobart à discuter avec Mike et ses amis, notamment de la question des armes à feu qui m’interroge tous les jours (comment accepter que plus de 700 personnes meurent par balle chaque année rien qu’à Chicago ?). Et là, stupeur, les 4 gars qui m’entouraient étaient tous armés et me l’ont prouvé en me montrant leurs guns. Je ne me suis pas senti très à l’aise le restant de la soirée…


… devoir quitter le domicile de Mike et Rachael à 7h, heure à laquelle ils partent bosser


… une étape par un temps très agréable entre Hobart et Ligonier


… me retrouver tout à coup à pédaler au cœur du pays amish de l’Indiana, situé entre Bremen et Nappanee, où les gens ne circulent qu’à vélo et en carriole (ils m’ont d’ailleurs tous salué comme si j’étais l’un des leurs) car ils refusent de s’adapter à la modernité qui les entoure. Enfin, j’en ai quand même surpris quelques-uns à utiliser un smartphone…


… John, un Amish rencontré devant le supermarché de Nappanee, qui était très curieux de savoir d’où je viens, avec qui nous avons parlé en allemand (j’ai dû m’accrocher pour comprendre son dialecte) et qui a volontiers accepté de se laisser prendre en photo


… un accueil spontané chez la famille Mast à Ligonier, après que j’aie demandé à Elson (le père) où je pouvais planter ma tente en ville sans gêner personne. Après quelques minutes de discussion, il m’a invité à dormir dans la chambre d’amis. Au moment du petit-déjeuner et juste avant que je parte, ils ont prié pour moi, ce qui m’a gêné car je n’ai pas su comment réagir


… une étape par un temps couvert et très humide entre Ligonier et Ayersville


… Terry, qui s’est arrêté en bord de route et m’a tendu un billet de 20 dollars, avant même que nous ayons discuté ! Elle m’a dit « en te doublant, j’ai tout de suite su que tu fais un long voyage ; tu auras sûrement besoin de cet argent à un moment ». Toujours plus surprenants, ces Américains !


… deux jeunes garçons qui ont eu un magnifique geste envers une personne handicapée qui s’apprêtait à rentrer dans un McDonald’s (je m’y arrête assez souvent pour utiliser le Wifi tout en mangeant un cône de glace) : ils ont laissé leurs burgers et se sont précipités pour lui ouvrir la porte


… entrer dans l’Ohio, le 10ème Etat américain de mon périple


… une dame qui s’est arrêtée en bord de route pour s’excuser de m’avoir doublé de trop près ! Ca m’a surpris parce que je ne l’ai même pas remarqué


… un mec qui avait deux écriteaux devant chez lui, « Trump – Pence » et « I don’t dial 911 » assorti de l’image d’un gun (comprendre : je n’ai pas besoin de la police pour me défendre…). Je n’ai pas osé prendre de photo car le type était assis devant chez lui et que j’ai préféré éviter de discuter avec lui


… un type tatoué de partout, rencontré dans une station-essence, qui engage la conversation autour du sport (persuadé qu’il était que je suis un athlète de haut niveau …), et qui me dit dans un long monologue « le football américain, ça c’est un vrai sport d’hommes, pas comme le soccer en Europe qui est un sport d’homosexuels où les joueurs passent leur temps à tomber au moindre contact »…


… Ken, mon hôte Warmshowers à Ayersville, un gars au sourire aux lèvres en permanence, qui est parti à 6h du matin pour aller bosser mais qui m’a dit que je pouvais partir quand je voulais, faisant preuve d’une confiance appréciable


… une étape intégralement sur de petites routes sans circulation entre Ayersville et Bellevue


… deux bergers allemands qui m’ont coursé sur une cinquantaine de mètres, alors que je ne pédalais que depuis 30 minutes, ce qui a eu le mérite de me mettre en jambes dès le début d’étape


… une douleur à l’épaule, récurrente depuis plusieurs jours, qui m’a empêché d’avancer à mon rythme une bonne partie de la matinée (j’ai du faire pas mal de petites pauses)


… un monsieur rencontré en bord de route qui me demande d’où je viens, je lui réponds « France », il me dit « Oh, nice, my family comes from Germany, I’m a german-american ». Du coup, je lui parle en allemand, et là je le vois tout de suite perdu, il parlait à peine 3 mots d’allemand. Ca me fait toujours rire les gens qui se revendiquent d’une identité qui n’est pas la leur


… un employé du McDonald’s de North Baltimore âgé d’une quarantaine d’années avec qui nous avons discuté de voyages et qui me dit n’avoir voyagé dans sa vie qu’à Detroit et Chicago, soit deux villes situées à seulement quelques heures de voiture de là. Et si la vraie pauvreté résidait dans la non-mobilité ?


… un type au physique d’armoire à glace, aperçu dans ce même McDonald’s, dont le marcel laissait entrevoir un tatouage « white power » au-dessus d’un autre avec écrit « SS » en forme d’éclairs. Je n’ai pas su comment réagir et ai regretté après coup de ne pas avoir appelé la police. Une pensée pour les dizaines de millions de victimes du nazisme, de l’esclavage et de la colonisation…


… une nuit sous la tente (pour la 1ère fois depuis le Colorado) dans un parc de Bellevue, au bord d’un étang


… alors que je me promenais en milieu de soirée autour de l’étang pour me dégourdir les jambes, faire la rencontre d’Adam qui vient pêcher là tous les soirs pour évacuer le stress du boulot


… une étape très agréable entre Bellevue et Cleveland, à pédaler la plupart du temps au bord du lac Erie


… entrer dans Cleveland par des quartiers très huppés le long du lac Erie, avant de tomber quelques centaines de mètres plus loin sur des quartiers assez délabrés avec pas mal de friches industrielles et de maisons qui semblent tomber en ruine, retrouvant cette très forte ségrégation socio-raciale observée à Chicago


… un vieux monsieur, sosie de BB King, qui me dit à un feu rouge « don’t stay here man, this area is dangerous, there are a lot of crazy people ». Effectivement, j’ai été frappé par le nombre de personnes qui erraient dans un état de déliquescence physique et psychologique


… Monica et David, mes hôtes Warmshowers à Cleveland, qui n’étaient pas là lors de mon arrivée mais ont laissé la porte ouverte, avec pour consigne de faire comme si j’étais chez moi