L’Iran à vélo de la frontière turque à Zanjan, c’était…

… un passage à la frontière 15 minutes avant qu’elle ferme, accueilli par des douaniers très souriants (j’ai eu droit à un franc « welcome to Iran ! »). Après la visite médicale d’usage, l’un des douaniers a absolument tenu à essayer mon vélo, ce que j’ai dû accepter à regret…

… un échange informel de monnaie dans le hall du petit hôtel de Qotur, sous le regard d’une dizaine de badauds. Sachant que les étrangers ne peuvent pas retirer d’argent au distributeur en Iran, j’ai échangé mes 2000 lires turques retirées à Van, soit l’équivalent de 600 euros, contre 24 millions de rials en coupures de 100.000…

… une ambiance différente dès la frontière franchie, avec toutes les femmes vêtues d’un grand tchador noir, laissant parfois paraître la moitié de leurs cheveux, ce que j’interprète comme un pied de nez au régime

… un niveau de richesse moindre qu’en Turquie

… une superbe route entre Qotur et Khoy, serpentant à travers les montagnes le long d’une rivière tumultueuse

… des Peugeot Pars (sorte de 405 plus moderne) partout ! Il faut dire qu’elle est produite en Iran et que les voitures non produites en Iran sont énormément taxées

… être plongé dans l’ambiance de l’ancienne Route de la soie dans le bazar de Khoy, avec toutes ces odeurs d’épices

… des gens d’une grande douceur, dans le regard comme dans le sourire, et qui ont tendance (pour les hommes) à facilement me serrer la main et même me prendre par la main dans la rue pour m’indiquer quelque chose

… une étape ennuyante de Khoy à Marand, sur une route assez fréquentée

… énormément de gens qui me saluent au bord de la route ou depuis leur voiture (« hello, hello »)

… beaucoup de conducteurs qui font vraiment n’importe quoi, comme doubler dans un virage sans aucune visibilité, faire une marche arrière sur voie rapide ou rouler à contresens en ville

… des camions pour la plupart vieillots, qui crachent souvent une grosse fumée noire irrespirable (pédaler derrière un vieux camion Mack en montée est une expérience fort désagréable)

… Amin, jeune de 16 ans à qui j’ai demandé mon chemin à Marand, et avec qui nous avons fini par discuter autour d’un thé. Avide de rencontrer des étrangers afin de pratiquer l’anglais qu’il apprend en autodidacte sur Internet, il m’a expliqué que la région de Khoy / Marand / Tabriz est majoritairement peuplée d’Azéris qui parlent une langue proche du turc et qui ne se sentent que moyennement iraniens

… Ehsan, mon hôte Warmshowers à Marand, designer mobilier et adepte du VTT, qui ne pouvait m’accueillir chez lui (il vit chez ses parents) mais m’a mis à disposition la maisonnette familiale, située au milieu d’un verger en périphérie de la ville. Avec son ami Arash venu nous rejoindre, nous avons eu une très intéressante discussion sans tabous sur la société iranienne 

… une entrée dans Tabriz sur une voie rapide à la très forte circulation

... à peine 1% des voitures conduites par une femme

… un hôte Warmshowers qui devait m’héberger à Tabriz mais qui ne m’a pas mis au courant qu’il a déménagé à 25 km de là pendant l’été (son profil n’était pas mis à jour). Du coup comme il faisait déjà nuit, j’ai dû me rabattre sur un hôtel familial à 5€ la nuit

… Ali, vendeur au bazar des tapis à qui j’ai demandé un renseignement, avec qui nous avons fini par parler pendant une demie-heure de mon voyage. Il était très curieux et tout le temps souriant !

… Joseph, routard belge rencontré en ville, qui fait un grand tour d’Asie en avion, bus et train (Kirghizstan, Pakistan, Iran et Birmanie ; oui ça fait un peu décousu mais pourquoi pas), avec qui nous avons fini par manger une pizza qui ne me laissera pas un souvenir impérissable. Je n’ai malheureusement pas pu le prendre en photo car mon appareil était en charge à l’hôtel…

… une journée de pause à Tabriz à me promener dans le gigantesque bazar, en étant interpellé toutes les 3 minutes par des gens tous plus souriants et courtois les uns que les autres (« Hello mister, where do you come from ? Welcome to Iran »)

... énormément de gens qui veulent prendre des selfies (parfois sans même que nous ayons discuté ensemble), et qui s'étonnent que je n'aie ni Facebook, ni Instagram, ni Viber, ni Telegram, ni même de crédit sur mon téléphone. Je leur réponds que je n'ai que Whatsapp, et que comme je trouve du Wifi un peu partout, j'arrive à survivre...

… Ali, propriétaire d’un magasin de vélo « haut de gamme » à Tabriz, à qui j’ai acheté un pneu Schwalbe Marathon de rechange. Il aimerait faire le tour de l’Iran à vélo dans les années à venir et m’a appris que Tabriz héberge la seule équipe cycliste pro d’Iran, qui participe à certaines compétitions organisées par l’UCI

… Maurice et son père Ronald, cyclos néerlandais en route pour Bombay (en passant par Dubaï) rencontrés sur le bord de la route à la sortie de Tabriz, avec qui j’ai pédalé pendant deux jours et campé à Tekmeh Dash. Ce fut un vrai plaisir de pédaler à plusieurs. Anecdote incroyable : dans les années 1980, Ronald a habité pendant 2 ans à… Guyancourt !!! Le monde est si petit…

… Nima, contacté par Warmshowers à la dernière minute une fois arrivé à Mianeh, qui a voulu m’accueillir chez ses grands-parents absents mais n’a finalement pas pu à la suite d’un coup de fil de l’un de ses oncles militaires qui lui a appris qu’il devait me déclarer à la police. A la suite de moult péripéties, j’ai dû refaire mes bagages à 23h puis passer la nuit à l’hôtel (nous nous sommes légèrement pris la tête avec Nima car il tenait absolument à me payer la nuit pour s’excuser du désagrément, ce que j’ai refusé)

… une étape sans la moindre côte ni descente de Mianeh à Zanjan, sans traverser le moindre village (et ce pendant 140 km tout de même !). Comme le vendredi est un jour férié en Iran, j’ai souhaité rallier Zanjan avant la tombée de la nuit de peur de ne pas pouvoir faire mes courses pour la soirée si je décidais de camper au milieu de nulle part. J’ai appuyé sur les pédales comme un forcené pendant toute l’après-midi, avalant 95 km en 4 heures et demie, pauses comprises

… un abruti à moto qui m’a crié dans l’oreille au moment de me doubler, ce qui m’a fait sursauter et dévier de ma trajectoire (heureusement qu’il n’y avait pas de poids-lourd juste derrière…). Il y a vraiment des comportements constructifs... 

… Farah, mon hôte à Zanjan, guide touristique, qui a spontanément accepté de m’accueillir chez elle car l’un de ses amis, Farhad, que j’avais contacté par le biais de Warmshowers, ne pouvait pas m’héberger. Farah, c'est la gentillesse incarnée!

… enfin une rencontre avec une femme, après 7 jours en Iran!

... deux journées de pause à Zanjan, passées à me promener dans le centre historiq
ue avec Farah (qui connaît tout le monde ici, on croirait un petit village alors qu'il y a 400.000 habitants), à goûter aux spécialités locales et à me reposer. Ca fait du bien de temps en temps...

... Farhad, avec qui j'ai passé quelques heures à discuter, notamment du grand tour d'Asie à vélo dans lequel il se lance l'été prochain avec un ami de Téhéran

... Abbas, un ami de Farhad, qui a déjà fait deux fois le tour du monde à vélo (il totalise 88.000 km au compteur!!!) et qui m'a raconté quelques unes de ses péripéties, notamment en Amérique du Sud et en Afrique. Les pays qui ont le plus plu sont le Pérou et le Brésil, ceux qu'il a le moins aimé sont l'Australie et le Canada en raison de la froideur des gens. Abbas est très connu dans le milieu cycliste en Iran, il est désormais ambassadeur du Comité olympique iranien