Le Japon à vélo de Nikko à Sendai, c’était…

… une vingtaine de kilomètres de montée régulière à la sortie de Nikko

… une pause déjeuner dans le seul resto d’un hameau de montagne, où les clients ont eu l’air très surpris de voir un touriste occidental débarquer. A l’aide d’un des clients qui parlait anglais, j’ai pu expliquer ce que je faisais là. La mamie qui tenait le resto a alors décidé de m’offrir mon repas composé de nouilles froides (soba) et de tempura

… avoir la chance de trouver une station-essence dans un coin paumé pendant une averse. Les employés m’ont fait signe de venir m’abriter à l’intérieur, m’offrant un excellent thé japonais et des gâteaux

… Takashi, cyclo japonais rencontré devant une supérette 7-Eleven, qui à la vue de mon gilet jaune estampillé « Paris-Brest-Paris » m’a expliqué qu’il s’entraînait en vue de se qualifier pour l’édition 2019

… prendre l’excellente décision de m’abriter dans la caserne des pompiers de Shimogo pendant une averse en fin d’après-midi. J’avais d’abord prévu de pousser 10 kilomètres plus loin, mais comme la pluie ne cessait pas, je suis monté à l’étage pour demander où je pouvais dormir à l’abri la nuit. Et là, stupéfaction ! 8 gars qui mangent et boivent comme pas possible, m’invitent à m’asseoir avec eux, me servent plusieurs bières puis me font comprendre que je peux dormir ici cette nuit. A 20 heures, il n’y en avait plus un seul qui tenait debout, à part moi… Au réveil, l’un d’eux m’a offert une sorte de veste estampillée « pompiers de Shimogo » ! Pas facile de trouver une place pour ça dans mes sacoches, mais je tiens à la conserver en guise de souvenir de cette soirée complètement irréaliste

… la visite matinale du magnifique village-musée d’Ouchi-juku, perdu en montagne, qui renferme de nombreuses maisons traditionnelles du XVIIIème siècle (époque d’Edo)

… 20 km de descente entre entre Ouchi-juku et Aizuwakamatsu

… une pause déjeuner expédiée en 30 minutes à Aizuwakamatsu car je voulais arriver chez mon hôte avant la tombée de la nuit à 18h, et ce alors qu’il me restait près de 70 km à parcourir. Je n’aime pas trop pédaler de nuit dans des coins où il y a apparemment des ours…

… un monsieur qui m’a tendu depuis la vitre de sa voiture (tout en roulant !) une boisson énergisante dans la dernière montée de la journée

… John, mon hôte Warmshowers à Dakeonsen, professeur d’anglais (il est originaire du Minnesota) dans un lycée du coin et également volontaire pour aider chaque week-end à la reconstruction de la région de Fukushima complètement dévastée par un tremblement de terre suivi d’un tsunami en 2011

… une journée de repos complet chez John, à ne faire aucun autre effort que d’aller chercher deux bières à la supérette du coin

… une bonne grosse côte à la sortie de Dakeonsen (John m’avait prévenu…) en guide de mise en jambes pour ma dernière étape au Japon

… 15 km de descente vers Fukushima, malheureusement avec le vent de face

… des jambes de feu en cette matinée ensoleillée, sachant que j’ai déjeuné à 13h après avoir déjà pédalé 78 km, ce qui n’a pas dû m’arriver bien souvent

… quelques bonnes côtes dans les 20 derniers kilomètres avant Sendai

… Yuta, mon hôte Warmshowers à Sendai, informaticien, qui ne peut m’héberger chez lui car il est en plein déménagement mais me met son lieu de travail (une grande pièce avec un coin cuisine) à disposition, à la condition que je n’y reste pas en journée pendant qu’il bosse

… 3 journées de pause à Sendai en attendant mon vol pour San Francisco samedi après-midi


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Au cours de ces 6 semaines passées au pays du soleil levant, ce qui m’a particulièrement marqué chez les Japonais, c’est : évidemment en premier lieu leur hospitalité (qui n'a pas grand-chose à envier à celle des Turcs, des Iraniens et des Birmans), mais également leur calme et leur sérénité à toute épreuve, la priorité qu’ils accordent en toute circonstance au collectif sur l’individuel dans un pays où les inégalités sociales me semblent relativement contenues (sans rire, c’est le pays le plus communiste que je connaisse !), leur conduite très prudente, leur attachement aux traditions, leur extrême courtoisie qui en deviendrait presque gênante tant on se sent vulgaire à côté, leur respect maladif de l’autorité, leur passion pour l’esthétique (architecture, jardins, artisanat…), leur conformisme étouffant, leur amour de la gastronomie française, leurs infrastructures de transport impressionnantes, leur qualité de service qui ne peut pas avoir d’équivalent dans le monde, leurs connaissances très approximatives en anglais (à côté, je passerais presque pour un bilingue…), leur respect de la nature, leur faible pratique religieuse, leur dépendance au selfie, et j’en passe…

Le Japon, un pays profondément attachant et énigmatique!